Eucharistie du Dimanche 23 Novembre 2014 : L’Église Célèbre la Solennité de la Fête de Jésus-Christ, roi de l’Univers.

Eucharistie du Dimanche 23 Novembre 2014 : L’Église Célèbre la Solennité de la Fête de Jésus-Christ, roi de l’Univers (visible et invisible).

L’Église fait mémoire (facultative) de la Fête de Saint Clément I, Pape (4ème) de 88 à 97 et martyr († 100).
L’Église fait mémoire (facultative) de la Fête de Saint Colomban, Abbé de Luxeuil en Bourgogne et de Bobbio en Emilie (v. 543-615).
(Mais la Célébration de la Solennité de la Fête de Jésus Christ, Roi de l'Univers (visible et invisible) a la préséance sur les mémoires de Saint Clément I et de Saint Colomban).

Textes du jour (1ère lecture, Psaume, 2ème lecture, Évangile) :
Livre d'Ézéchiel 34,11-12.15-17… Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6… Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,20-26.28… Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25,31-46.
Commentaire de Saint Jean XXIII (1881-1963), Pape.
Autre commentaire de Frère Antoine-Marie Leduc (Carmel).
Autre commentaire du Père Joseph-Marie, Moine de la Famille de Saint Joseph.
Autre commentaire de l’Abbé Antoni POU OSB Moine de Montserrat (Montserrat, Barcelona, Espagne).
Hymne, Oraison et Parole de Dieu.

The king 11Dimanche 23 Novembre 2014 : Fête de la Solennité de Jésus Christ, Roi de l'Univers (visible et invisible).
Elle est désormais située, non plus le dernier Dimanche d’Octobre, mais le dernier Dimanche de l’année Liturgique, comme son couronnement (de l’année Liturgique).
Pour en découvrir davantage sur cette Fête, aller dans le menu déroulant à « Les Fêtes Catholiques » ou sur le lien suivant :
Fête de la Solennité de Jésus Christ, Roi de l'Univers.

Stclementi 1Dimanche 23 Novembre 2014 : Fête de Saint Clément I, Pape (4ème) de 88 à 97 et martyr († 100).
Pour voir sa vie et en découvrir davantage sur lui, aller dans le menu déroulant à « Vie des Saints » ou sur le lien suivant :
Saint Clément I, Pape (4ème).

San colombano 2Dimanche 23 Novembre 2014 : Fête de Saint Colomban, Abbé de Luxeuil en Bourgogne et de Bobbio en Emilie (v. 543-615).
Pour voir sa vie et en découvrir davantage sur lui, aller dans le menu déroulant à « Vie des Saints » ou sur le lien suivant :
Saint Colomban, Abbé de Luxeuil.

 

LITURGIE DE LA PAROLE.

Livre d'Ézéchiel 34,11-12.15-17.
Parole du Seigneur Dieu : Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles.
Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité.
C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu.
La brebis perdue, je la chercherai ; l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice.
Et toi, mon troupeau, déclare le Seigneur Dieu, apprends que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs. »

 

Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6.
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles,
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi,
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
Tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie.
J'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

 

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,20-26.28.
Frères, le Christ est ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité.
Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection.
En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront,
mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra.
Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal.
C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.
Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort,
Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25,31-46.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres :
il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;
j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! '
Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...  ? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ?
tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? '
Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. '
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ;
j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. '
Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? '
Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. '
Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

 

Commentaire du jour.
Saint Jean XXIII (1881-1963), Pape.
Prière en l’honneur du Roi eucharistique (Bulletin quotidien de l’Ufficio Stampa Vaticana, 24/01/1959).

« Tout sera achevé, quand Le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu Le Père » (1Co 15,24)

Jésus, Roi des hommes et des siècles, accueille les hommages d'adoration et de louange que nous, tes frères d'adoption, nous t'adressons humblement. Tu es « le pain de Dieu qui donne la vie au monde » (Jn 6,33), à la fois grand prêtre et victime.
Tu t'es immolé sur la croix pour la Rédemption du genre humain, et aujourd'hui, par les mains de tes ministres, tu t'offres chaque jour sur les autels afin d'instaurer dans chaque cœur ton « Royaume de vie, de sainteté, de grâce, de justice, d'amour et de paix » (Préface de la fête).

      Que ton Règne arrive, ô Roi de Gloire ! (Ps 23) Du haut de ton « trône de grâce » (He 4,16), règne sur le cœur des enfants afin qu'ils conservent sans tache le lis immaculé de l'innocence ; règne sur le cœur des jeunes afin qu'ils grandissent sains et purs, dociles à ceux qui te représentent au sein de la famille, à l'école, à l'église.
Règne sur le foyer domestique afin que parents et enfants vivent en harmonie dans l'observance de ta très sainte Loi.
Règne sur notre patrie afin que tous les citoyens, dans l'ordre et la compréhension entre les classes sociales, se sentent les fils du même Père céleste, appelés à coopérer au bien temporel de tous, heureux d'appartenir à l'unique corps mystique dont ton sacrement est à la fois le symbole et la source intarissable !

Règne enfin, ô « Roi des rois, Dieu des dieux, Seigneur des seigneurs » (Ap 19,16; Dt 10,17), sur toutes les nations de la terre et éclaire les responsables de chacune afin que, s'inspirant de ton exemple, ils nourrissent « des pensées de paix et non d'affliction » (Jr 29,11). Fais que tous les peuples, Jésus eucharistique, te servent en toute liberté, conscients de ce que « servir Dieu, c'est régner ».

 

Autre commentaire du jour.
http://www.carmel.asso.fr/Christ-Roi-de-l-Univers-Jean-18-33.html
Frère Antoine-Marie Leduc (Carmel).

Christ, Roi de l’Univers

Pour couronner l’année Liturgique, l’Église fête le mystère de la Royauté du Christ. Le symbole royal occupe une place centrale dans l’histoire de la Révélation comme nous le livre l’Ancien Testament.
Mais il nous faut le libérer de la charge que le passé fait peser sur ces mots : royauté, monarchie, absolutisme, pouvoir arbitraire aux mains d’un seul, etc.
Il est indispensable de le situer dans son sens premier : “regere”, assurer une direction, une rectitude, une règle de vie de l’être et de l’agir.

La Fête du Christ Roi a été instituée relativement récemment, en 1925, par le Pape Pie XI. Il s’agissait pour le Pape d’affermir la Foi des fidèles faces aux idéologies conquérantes de l’époque, nationale-socialiste, fasciste et communiste.
Ces idéologies n’avaient pas pour but seulement de gouverner la cité terrestre dans une légitime autonomie du pouvoir politique par rapport au religieux.
Elles avaient pour but de modeler un homme nouveau, de régenter toute la vie des personnes, et d’imposer par la force leur manière de voir, elles étaient totalitaires.

Ces extrémismes avaient notamment en commun de proférer la fonction totalitaire de l’État sur le citoyen. Pour les tenants de ces idéologies et leurs dirigeants, leur victoire amenait à exclure la Foi chrétienne de la société.
La popularité de ces idéologies à partir des années 20 mettait en péril la liberté religieuse et la Foi des Chrétiens.

Il fallait redire une dimension essentielle de la Révélation : la Foi au Christ n’est pas une vérité subordonnée au politique, ni une affaire purement privée.
Cette Fête a donc un caractère pédagogique. Elle vise à nous rappeler qu’il nous faut toujours nous garder des idoles c’est-à-dire des idéologies, des manières de penser, qui veulent régenter toute notre vie personnelle, et exclure la liberté religieuse de la société.

La communauté politique et l’Église, tout en étant « indépendantes et autonomes, chacune dans son domaine », sont toutes les deux « au service de la vocation personnelle et sociale des personnes humaines » (Vatican II, Gaudium et spes).
Dire que le Christ est Roi, c’est affirmer que, dans son humanité glorifiée, Le Christ a autorité comme Dieu non seulement sur la Terre, mais sur le cosmos tout entier, sur tous ces mondes dont nous connaissons l’existence et sur tous ceux que notre science n’a pas encore découverts.
Dire que le Christ est Roi, c’est proclamer aussi qu’il est le maître de l’histoire pour tous les peuples et dans tous les temps, et qu’il mène souverainement le destin de chaque homme, de chaque communauté, en faisant concourir tous les événements au bien de ceux qui l’aiment.

Dire que le Christ est Roi, c’est reconnaître que l’Amour du Christ lui donne autorité sur nous ; c’est reconnaître que Le Christ a le droit de nous aimer comme il veut, autant qu’il veut et que notre premier devoir est d’accueillir, d’écouter.
C’est aussi reprendre avec courage et bonheur, le chemin que librement nous avons choisi pour l’aimer et le suivre.

La Fête du Christ Roi de l’univers en concluant l’année liturgique en donne aussi l’orientation définitive.
Au cours de cette année liturgique, nous avons successivement célébré l’attente de la venue du Sauveur, sa naissance parmi nous, nous avons entendu et accueilli sa prédication, nous avons vécu sa passion et sa Résurrection, et enfin nous avons reçu l’Esprit du Seigneur pour vivre de la Vie même du Christ.
L’ensemble de ces Célébrations trouve un enracinement historique dans la vie sur Terre de Jésus et les commencements de l’Église.
Aujourd’hui, cette Solennité à un caractère particulier, car elle n’a pas d’enracinement historique dans les Évangiles, nous célébrons un événement avenir à savoir l’avènement en Gloire du Christ Jésus que nous proclamons après la Consécration Eucharistique.

À la fin des temps, Le Christ viendra achever toute l’œuvre de son Père. Il viendra remettre toute la Création entre les mains du Père, et Jésus sera établi Seigneur sur toute la Création, et ainsi tout sera définitivement accompli.

En célébrant cette Fête, nous voulons signifier que notre vie à un sens qui s’inscrit dans l’histoire de l’humanité et qui concernent tous les peuples.
Notre vie à un sens, c’est-à-dire qu’elle a qu’une orientation, elle s’inscrit dans un déroulement voulu, nous avons un but qui nous est désigné par Dieu Lui-même.

Notre vie personnelle, comme la Terre, n’est pas ballottée par des forces contradictoires, produits du hasard et de la nécessité, vers un avenir indéterminé.
Notre vie personnelle et la Création tout entière tirent leur origine de Dieu et elles trouvent leur fin en Dieu.
Notre vie à un sens car elle a un point de départ et un point d’arrivée ainsi qu’une force directrice qui sont l’œuvre de Dieu en nous.

Le Verbe s’est fait chair, il a demeuré parmi nous, partageant en tout notre condition d’homme excepté le péché ; il nous a révélé sa Gloire sur la Croix, lorsqu’il nous a « aimés jusqu’à la fin » (Jn 13, 1).
Exalté à la droite du Père, il règne déjà sur l’univers, même si nous sommes encore dans le temps de la patience, qui précède sa venue définitive.
Tout au long de l’année, l’Église a médité sur ces saints mystères dont elle a nourri sa prière, son action de grâce, son Adoration.

Dans la Célébration de ce jour, elle ravive son Espérance en relisant quelques extraits des Écritures empreints d’une majesté toute particulière.
Nous sommes invités, seuls dans notre prière personnelle, ou en Église avec toute la communauté croyante, à « regarder », comme Daniel, « au cours des visions de la nuit » de notre Foi, c’est-à-dire à la lumière de la Révélation, en direction de l’Orient d’où viendra Le Seigneur « comme un Fils d’homme » couvert de « Gloire et de Royauté » (1re lect.).
 Car il est fidèle le Dieu qui nous appelle, et il ne saurait faillir à sa Parole : « Voici qu’il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront » (2nde lect.).

À la charnière de deux années Liturgiques, la Fête du Christ Roi donne déjà l’orientation de la première partie de l’Avent, qui nous invite à ranimer notre Espérance en la venue prochaine de Notre Seigneur Jésus-Christ.
L’Église nous rappelle ainsi que toute la vie du Chrétien se déroule dans cet entre-deux : nous vivons, certes, au cœur de ce monde, mais notre désir nous garde tendus vers le Royaume qui vient.
C’est cet entre-deux qui donne du sens à notre vie et nous invite à accueillir Jésus comme notre maître intérieur pour qu’il mène notre vie à son accomplissement.
Fr. Antoine-Marie, o.c.d.

 

Autre commentaire du jour.
http://www.homelies.fr/homelie,,4025.html
Père Joseph-Marie, Moine de la Famille de Saint Joseph.

Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à Moi non plus vous ne l'avez pas fait.

Au commencement de l’année liturgique, nous étions invités à abaisser notre regard vers un Enfant déposé dans une mangeoire ; au terme du cycle, nous levons les yeux vers celui qui vient avec puissance, le Roi de gloire, le Seigneur des Seigneur, le Juge des vivants et des morts.
L’Ange l’avait annoncé à Marie : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 32-33).
En parcourant les Évangiles tout au long de l’année, il nous a cependant fallu nous rendre à l’évidence : Jésus n’entend pas cette royauté à la manière dont nous la concevons :
« Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave.
Ainsi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 25-28).

Les lectures de la liturgie de ce jour nous précisent encore les modalités de cette royauté hors de l’ordinaire.
Qui donc est ce roi qui va Lui-même rechercher la brebis égarée, qui rassemble le troupeau dispersé, qui veille personnellement sur lui, le protège et le délivre ; qui s’occupe de chacune de ses brebis selon son besoin particulier ? (1ère lect.)
L’image du roi-pasteur est empreinte d’une sollicitude et d’une tendresse qui tranche avec le mépris hautain affiché par ceux qui habitent des palais somptueux.
Voilà un roi proche de son peuple, qui s’implique en sa faveur ; dont il prend lui-même soin, « le menant vers les eaux tranquilles et le faisant reposer sur des près d’herbe fraîche » (Ps 22).
Lorsque le loup survient, il ne prend pas la fuite, mais donne sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 15) : le roi-pasteur devient l’Agneau immolé pour que le troupeau ait la vie, et qu’il l’ait en abondance (cf. Jn 10, 10).
Car l’amour ne peut mourir, et c’est en aimant jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), que Jésus manifeste sa royauté suprême, celle qui triomphe de la haine et de la mort (cf. Ep 2, 16).

C’est à la lumière de la tendresse attentive du pasteur qu’il faut entendre l’exaltation de la royauté guerrière de celui qui triomphe de la mort après avoir détruit toutes les puissances. L’humilité du Roi vainqueur n’est d’ailleurs pas démentie, puisque sa victoire n’est pas au profit de son exaltation personnelle : nous lisons en effet que lorsque « tout sera achevé, il remettra son pouvoir royal à Dieu Le Père », afin que « Dieu soit tout en tous ».

Lorsque Jésus exerce le Ministère de Juge universel, il parle encore au nom de Son Père qui à travers lui prononce la sentence.
Mais quel n’est pas notre étonnement de n’entendre parmi les critères de discernement pour l’entrée dans le Royaume, aucune allusion à une confession de Foi.
C’est pourtant bien le même Jésus qui disait à ses disciples : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant Mon Père qui est aux Cieux » ; et il ajoutait en contrepoint la proposition symétrique - tout comme dans l’Évangile de ce jour : « mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est aux Cieux » (Mt 10, 32-33).

Il ne s’agit pas d’opposer ces deux passages, ni de privilégier exclusivement l’un par rapport à l’autre : ils sont bien plutôt complémentaires. Jésus ne peut pas demander aux hommes qui n’ont pas eu la chance d’entendre l’annonce de la Bonne Nouvelle, de proclamer sa Seigneurie ; ceux-là ce sont leurs œuvres de Miséricorde en faveur des plus petits qui témoigneront pour eux et leur serviront de confession de Foi.
Quant aux croyants qui se déclarent pour Le Christ devant les hommes, « il ne leur suffit pas de dire “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des Cieux : il faut aussi qu’il fasse la volonté du Père qui est aux Cieux » (Mt 7, 21).

Au bout du compte, ce sont donc bien les œuvres de Charité qui sont déterminantes, tant il est vrai que « celui qui n’agit pas, sa Foi est bel et bien morte » (Jc 2, 17).
Or ce qui frappe de prime abord, c’est le caractère « ordinaire » des actions rapportées : nourrir un affamé, vêtir un démuni, accueillir un étranger, visiter un malade ou un prisonnier, rien de tout cela n’est hors de notre portée.
Ce qui situe bien cet Évangile dans le prolongement de ceux que nous avons médités ces dernières semaines.
Avec la parabole des vierges sages et des vierges folles, Jésus soulignait l’importance de la vigilance au jour le jour dans l’attente de la venue de l’Époux ; la semaine passée nous étions invités à mettre en œuvre nos talents au quotidien ; aujourd’hui Notre-Seigneur nous rappelle l’exigence d’incarner notre Foi dans un comportement fraternel cohérent, marqué par la gratuité.
Si le service des démunis attire la bienveillance divine, c’est précisément parce qu’il est gratuit : ceux qui en bénéficient auraient en effet bien du mal à nous l’offrir en retour. C’est en cela qu’il entre dans la logique du Royaume, qui est celle de l’amour (nécessairement) gratuit.

L’accès au Royaume n’est pas une récompense pour bons et loyaux services ; la pleine communion avec Dieu sera l’accomplissement de ce qui est déjà commencé dans le cœur de ceux qui ont écouté la voix de leur conscience et sont entrés en solidarité concrète avec leurs frères dans le besoin.
Oui heureux sont-ils, car les œuvres qu’ils accomplissent ainsi dans l’Esprit de Charité, purifient leurs cœurs et leur permettront au jour du Jugement de voir Dieu ; et de le voir précisément sous les traits de ceux en faveur desquels ils se sont mis en peine.

« Tout ce que vous avez fait - ou omis de faire - à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ».
L’identification entre Le Christ et chacun de « ces petits » qu’il appelle « ses frères » est inouïe.
Le Fils de Dieu s’est tellement uni à notre humanité, qu’il est personnellement concerné par le sort de chacun d’entre nous.
Nous pourrions intituler cette péricope : le dévoilement du Roi caché. Nous avions souligné que si les bons serviteurs de la parabole de la semaine passée poursuivent généreusement leur travail, c’est tout simplement parce que leur Maître n’a pas quitté la demeure de leur cœur.

Cette semaine nous apprenons que non seulement les bons serviteurs que nous devrions être, demeurent en communion d’amour avec leur Seigneur, dans l’Esprit, mais qu’ils peuvent même continuer à le servir physiquement dans chacun de leurs frères, particulièrement les plus démunis.

« Seigneur, je remarque que tous les hommes, les bons comme les mauvais, seront surpris par le Jugement.
Il ne sert donc à rien d’essayer de nous imaginer ce qu’il en sera : il vaut mieux mettre en œuvre ce qui ressort de la parabole.
En commençant par mesurer l’enjeu de notre vie quotidienne : il ne nous sera pas donné d’autre temps ni d’autre lieu pour décider de notre sort éternel.

C’est ici et maintenant, Seigneur, que tu te présentes à nous sous les traits des frères et sœurs démunis avec lesquels nous cheminons sans les voir.
C’est aujourd’hui que nous décidons de notre éternité, car tu ne demeures qu’en ceux qui aiment, c'est-à-dire ceux qui ne ferment pas leur cœur aux appels de détresse, mais acceptent de perdre joyeusement leur vie au profit de ceux qui la réclament. »
Père Joseph-Marie

 

Autre commentaire de ce jour.
http://evangeli.net/evangile/jour/IV_304
Abbé Antoni POU OSB Moine de Montserrat (Montserrat, Barcelona, Espagne).

Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait

Aujourd'hui, Jésus nous parle du Jugement dernier. Et en utilisant une métaphore de brebis et de chèvres, il nous montre que ce sera un Jugement d'Amour. «Vous serez jugé sur l'Amour» nous dit Saint Jean de la Croix.

Comme nous le dit un autre mystique, Saint Ignace de Loyola, dans sa Méditation pour atteindre l'Amour, il faut mettre plus d'amour dans nos œuvres que dans nos paroles.
Et l'Évangile de ce jour l'illustre très bien. Chaque œuvre de charité que nous faisons, nous la faisons au Christ Lui-même:
«Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli; j'étais nu, et vous m'avez habillé; j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi!» (Mt 25,34-36).
Plus encore: «chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à Moi que vous l'avez fait» (Mt 25,40).

Ce passage de l'Évangile, qui nous remet les pieds sur Terre, met la Fête du Jugement du Christ à sa place.
La royauté du Christ est une chose bien distincte de la prépotence, c'est simplement une réalité fondamentale de l'existence: l'Amour aura le dernier mot.

Jésus nous montre que le sens de la royauté -ou de la puissance- est de se mettre au service des autres.
Il a confirmé qu'il était Maître et Seigneur (cf. Jn 13,13), et qu'il était Roi (cf. Jn 18,37), mais il a exercé sa fonction de Maître en lavant les pieds de ses disciples (cf. Jn 13,4 sqq), et il a régné en donnant sa vie.
Jésus-Christ règne d'abord à partir d'un humble berceau (une mangeoire!) et ensuite à partir d'un trône pas très confortable, c'est à dire, la Croix.

Sur la Croix il y avait un panneau qui disait «Jésus Nazaréen, Roi des Juifs» (Jn 19,19): ce que l'apparence niait était confirmé par le profond mystère de Dieu, puisque Jésus règne sur la Croix et nous juge dans son Amour. «Vous serez jugé sur l'Amour».

 

Hymne : Ton Royaume n’est pas de ce monde

Ton Royaume
N’est pas de ce monde,
Seigneur Jésus,
Puisque tu portes
Ce monde sur tes épaules,
Comme un berger
Sa brebis perdue.

Point de sceptre
Par quoi tu domines,
Sinon ta croix,
Point d’autre force,
Sinon ta miséricorde :
L’amour vainqueur,
Ton unique droit.

Tu nous offres
Ta vie en échange
De notre mort,
Car ta puissance
Veut rendre l’homme à lui-même,
Et l’arracher
Au joug du remords.

Ton Royaume
Déjà nous habite,
Seigneur Jésus ;
Sur ta parole,
En nous l’enfant ressuscite,
Tu le recrées
Presque à notre insu.

Toute chose
En toi s’achemine
Vers sa beauté ;
Encor fragile,
La joie effleure la terre :
Proche est le ciel,
Proche, sa clarté.

 

Hymne : Qu'il soit béni

Qu'il soit béni, qu'il vienne,
Le Roi, notre Seigneur !
Ouvrez, ouvrez vos portes,
Ne fermez plus vos cœurs !
Il vient à nous sans faste,
Grandeur ni majesté,
Vêtu comme le pauvre
Dans son humilité !

Qu'il soit béni, qu'il vienne,
Le Roi, notre Seigneur !
Entendez-le qui parle,
Sortez tous de l'erreur !
Malheur à l'homme riche
S'il ne veut écouter
Le Christ de la Promesse
Qui vient nous racheter !

Qu'il soit béni, qu'il vienne,
Le Roi, notre Seigneur !
Il montre à tous les humbles
La face du Sauveur !
A lui sont en partage
La gloire et le pouvoir,
Ce qu'à la fin des âges
Les peuples pourront voir !

Qu'il soit béni, qu'il vienne,
Le Roi, notre Seigneur !
Il donne aux misérables
La paix du Bon Pasteur,
Il est doux. Il est humble.
Son joug sera léger!
Et c'est lui qui nous mène
Jusqu'à la liberté !

 

Oraison du matin (Office des Laudes).
Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en Ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers ; fais que toute la Création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin.

 

Parole de Dieu : (Ep 4, 15-16)… (Office des Laudes).
En vivant dans la vérité de l’Amour, nous grandirons dans Le Christ pour nous élever en tout jusqu’à Lui, car il est la Tête.
Et par Lui, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux connexions internes qui le maintiennent, selon l’activité qui est à la mesure de chaque membre.
Ainsi le corps se construit dans l’Amour.

 

Parole de Dieu : (1 Co 15, 25-28)… (Office des Vêpres).
Le Christ doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.
Mais quand il dira : « Tout est soumis désormais », c’est évidemment à l’exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses.
Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra Lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi Dieu sera tout en tous.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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