Dom Helder Camara, Prêtre Lazariste, Archevêque de Recife. Fête le 28 Août.

Lundi 28 Août 2023 : Fête de Dom Helder Camara, Prêtre Lazariste, Archevêque de Recife (1909-1999).
Il n’est pas encore Canonisé, ni Béatifié, mais c’est une grande figure de l’Église. Son procès en Béatification est en cours. La phase diocésaine en est terminée, le dossier va être ouvert à Rome.

Helder camara 1974Dom Helder Camara (27 Octobre1974). Photo de Jan Arkesteijn

Il n’est pas encore Canonisé, ni Béatifié, mais c’est une grande figure de l’Église. Son procès en Béatification est en cours.
Le 28 Juillet 2013 s'est ouvert à la phase diocésaine le procès en Béatification de Dom Helder, dans le diocèse de Recife, à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse 2013, réunies au Brésil. Helder Camara est donc considéré par l'Église Catholique comme « Serviteur de Dieu ».
À l'issue de cette phase diocésaine du procès, l'Évêque Fernando Saburido demande en Mai 2014 que la cause en Béatification de Dom Helder Camara soit ouverte à Rome.
Il écrit notamment que « Dom Helder a été, et est, un grand exemple pour les gens qu’il a encouragés à vivre l'Évangile ».

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http://www.peintre-icones.fr/PAGES/CALENDRIER/Aout/28.html

Dom Helder Camara (1909-1999)

Helder Camara naît en 1909 dans le Nord-est du Brésil. Il est ordonné Prêtre en 1931 puis, en 1952, il est consacré Évêque auxiliaire de Rio de Janeiro.
Trois ans plus tard, il sera promu à la charge d'Archevêque auxiliaire de ce diocèse.

Dès 1952, il crée la Conférence nationale des Évêques du Brésil qu'il présidera pendant 12 ans.
En 1964, il est nommé Évêque de l'archevêché d'Olinda et Recife, et retourne ainsi dans le Nord-Est du Brésil après avoir exercé son Ministère Sacerdotal à Rio de Janeiro pendant 28 ans.
Dom Helder prend ses nouvelles fonctions quelques jours avant le coup d'État militaire au Brésil.
"La terreur culturelle régnait dans le pays, un grand nombre des responsables de l'Action Catholique ont été emprisonnés, et aussi des ouvriers militants et des membres des syndicats ruraux, mais également des membres du Congrès, des écrivains et des journalistes, de sorte que j'ai dû avoir le courage de prendre la parole, en tant qu'Archevêque de Recife, pour dire l'importance de la liberté, de la justice et de la vérité en cette heure décisive."

Il dénonce ainsi publiquement les injustices commises dans son pays, lance les "opérations Espérance" destinées à éduquer et responsabiliser le petit peuple.
Inspiré par la Théologie de la libération et celle de la non-violence, il lance également le mouvement Action Justice et Paix fondé sur la "pression morale libératrice".

Et lorsqu'il est traité d'"Évêque rouge", il rétorque habilement : " quand je donne de la nourriture aux pauvres, on m'appelle un Saint. Quand je demande pourquoi ils sont pauvres, on m'appelle un communiste ".
Sa retraite en 1985 et jusqu'à sa mort, est douloureuse et discrète à Recife, où le nouvel Archevêque met en œuvre une pastorale en rupture avec la sienne, bien que hors Recife, de nombreuses invitations lui offrent encore des tribunes pour la cause d'un monde " plus juste, plus fraternel et plus humain ".

" Arrivé à la fin de ma vie, je vois que le plus beau cadeau que Dieu m'a fait est de permettre que jamais la haine ou la rancune n'ont eu de place dans mon cœur."

"Que l’on ne se fasse pas illusion et que personne n’agisse par naïveté : celui qui écoute l’appel de Dieu, fait une option définitive, renonce à soi-même et part en guerre pour construire, pacifiquement, un monde plus juste et plus humain.
Il ne peut pas rêver qu’il a trouvé un chemin facile, jonché des pétales de roses, ni rencontrer des foules enthousiastes, promptes à l’applaudir toujours et partout.
Celui qui renonce à soi-même et part comme pèlerin de la paix et de la justice, qu’il se prépare à la traversée des déserts".

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http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9lder_C%C3%A2mara

Dom Hélder Câmara

Helder Pessoa Câmara, ou plus simplement, Dom Helder, né le 07 Février 1909 à Fortaleza au Brésil et mort le 27 Août 1999 à Recife, est un Évêque Catholique brésilien, Archevêque d'Olinda et Recife de 1964 à 1985, qui est connu pour sa lutte contre la pauvreté dans son diocèse et dans le monde.
Son procès en Béatification est en cours ; la phase diocésaine en est terminée, le dossier va être ouvert à Rome.

Biographie

Fils de João Câmara Filho et d'Adelaide Pessoa Câmara, Helder Câmara est l'avant-dernier d'une famille de 13 enfants.
Sa mère est institutrice et son père journaliste. Ordonné Prêtre le 15 Août 1931 à Fortaleza, il est nommé coadjuteur du Cardinal Jaime de Barros Câmara, Archevêque de Rio de Janeiro, le 3 Mars 1952 et consacré Évêque par celui-ci le 20 Avril suivant.

Le 12 Mars 1964, il est promu Archevêque d'Olinda et de Recife, dans le Nordeste, une des régions les plus pauvres du Brésil.
Il le restera jusqu'au 2 Avril 1985.

Défenseur des droits de l'homme au Brésil et une des figures de la théologie de la libération en Amérique latine, il s'engage aux côtés des plus pauvres.
En 1955, il participe à la création du Conseil épiscopal d'Amérique latine (CELAM). Proche du Cardinal Montini, futur Paul VI, il participe activement au Concile Vatican II, s'opposant fermement à la tendance conservatrice.
Au sein du CELAM, il contribue à la définition de « l'option préférentielle pour les pauvres », ce qui lui vaut d'être violemment attaqué par les groupes intégristes proches de Gustavo Corção.
À peine nommé Évêque de Recife, Helder Câmara décide de quitter les lambris de son palais épiscopal pour s'installer dans une modeste maison au cœur des bidonvilles de sa ville.

Marginalisé dans l'épiscopat brésilien et opposant à la dictature des généraux (1964-1985), il fait des séries de conférences en Europe et spécialement en France (en 1970 au palais des sports ou en 1983 avec La Vie), pendant lesquelles il dénonce la situation de pauvreté du tiers-monde, les ventes d'armes à son pays, la guerre du Viêt Nam et la violence de la dictature brésilienne.

Proche des mouvements non-violents et se référant à Gandhi et Martin Luther King, il met en place une pastorale dirigée vers le service des pauvres, qui s'appuie sur le mouvement Action Justice et Paix (cf. Spirale de la violence, Paris, 1970) et sur un séminaire populaire dans lequel il souhaite que les futurs Prêtres soient aussi bien formés à l'action sociale qu'à la théologie.
En 1977, il participe à la Conférence des évêques d'Amérique latine sur la non-violence.

Il est fait docteur honoris causa des universités de Louvain en 1970, Chicago en 1974, Amsterdam en 1975 et Uppsala en 1977.

En 1979, Saint Jean-Paul II lui rend hommage lors de son voyage au Brésil mais nomme, en 1985, José Cardoso Sobrinho pour lui succéder, contre la volonté de Câmara qui envisageait son Évêque auxiliaire Mgr José Lamartine ou son héritier spirituel Mgr Marcelo Pinto Carvalheira, qui deviendra Archevêque de João Pessoa.

Le nouvel Évêque, qui a fait l'essentiel de sa carrière à Rome, se charge de faire table rase de toute son action pastorale libérationniste, fermant notamment l'Institut de théologie de Récife et le séminaire régional de Nord-Est II, renvoyant les Prêtres étrangers dans leur pays et enterrant les travaux de la Commission Justice et Paix.
Dom Helder reste fidèle au Saint-Siège et ne commentera pas ces démantèlements.
Il meurt le 27 Août 1999.

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Citations

  • Son engagement lui valut bien des critiques de la bourgeoisie brésilienne. Ce qui lui fit dire : « Je nourris un pauvre et l'on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir et l'on me traite de communiste. »
  • « Il y a trois sortes de violence.
    La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
    La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
    La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
    Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.
     »
  • « La solitude, pour nous, n'existe pas ! »

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http://www.alterinfos.org/spip.php?article3389

Dom Helder Camara (1909-1999), le don de l’amour - L’actualité des prophètes

Dom Helder a fait partie d’un groupe d’Évêques qui ont été de grandes figures de l’Église latino-américaine.
Dans ce groupe, on peut nommer, parmi les défunts, Oscar Romero, Sergio Méndez Arceo, Aloisio Lorscheider, Leonidas Proaño et toujours parmi nous, Samuel Ruiz, Pedro Casaldaliga.
Tous ces Évêques ont ouvert la route que peut emprunter aujourd’hui l’Église en Amérique latine.
Ce sont des exemples qui restent vivants pour tous les pasteurs aujourd’hui.

Nous avons demandé à Antoine Guérin, qui a travaillé avec Dom Helder, de nous brosser le portrait de ce Chrétien hors du commun.
C’est au présent qu’il faut parler de cet homme. La présence et l’action de Dom Helder continuent aujourd´hui par tout ce qu’il a semé et planté, mais aussi par ses écrits qui, petit à petit, sont publiés.


Cet expert en humanité est un citoyen du monde
Son regard s’étend bien au-delà de l’horizon ecclésial : « Deux mille ans après la naissance du Christ, plus des deux tiers de l’humanité vivent dans des conditions inhumaines de misère et de faim.
Plus des deux tiers des fils de Dieu vivent comme des animaux. » Ce Mystique passionné, ce poète riche de sensibilité et plein d’humour est un pasteur qui accueille les sentiments du Christ Bon Pasteur, connaissant ses brebis, exprimant une Compassion extrême, lui permettant de sentir ce que sentent les exclus de ce monde.

Bien des fois je le vis mimer le dialogue de Maria et José, ce couple qui fuit la faim et la misère de la campagne pour émigrer en ville :
« Tu vas voir Maria, je vais trouver du travail ; nous aurons une jolie petite maison ; nos enfants vont enfin étudier et se nourrir correctement ; en cas de maladie nous serons accueillis dans un des hôpitaux ! Tu vas voir Maria, ici nous serons heureux ! ».
José et Maria finalement arrivent en ville pour s’entasser dans une des nombreuses favelas de Recife !

Dom Helder est un prophète pour notre temps
Il enthousiasme les jeunes et ceux qui veulent construire un monde différent. Comme tous les prophètes, il ne s’appartient pas.
Il offre sa vie aux pauvres et à leur cause quoi qu’il en coûte ! On sait toutes les souffrances qu’il a connues de la part des militaires, des gens qui ne voulaient aucun changement de société, de plusieurs collègues Évêques et Cardinaux et de la Curie romaine.

Ce grand communicateur est empêché de parler. Les journaux et revues du Brésil ne peuvent citer son nom.
Nous pouvons admirer son audace prophétique.

Lorsqu’avec Bruno, le Prêtre avec qui je suis arrivé à Recife, nous lui demandons la permission de vivre dans un quartier pauvre et de travailler pour mieux connaitre ce peuple auquel nous voulons consacrer notre vie, il n’hésite pas :
« Vous avez tout mon appui ! » Et cela en pleine dictature militaire !

Il sait unir la douceur et la fermeté, la force du prophète et la tendresse du frère. Alors que nous allions célébrer une Messe, il rencontre un Prêtre qui vivait en opposition radicale avec lui.
Dom Helder étend les bras et l’embrasse avec beaucoup de tendresse en lui disant : « Mon frère ! »
Audace et humilité, car il était bien conscient de ses limites humaines.

Quand on lui demande s’il ne s’enorgueillit pas lorsque des milliers de personnes l’acclament, il répond :
« Quand j’entends les applaudissements, je dis à Jésus : “Seigneur, je ne suis que l’âne qui te porte. C’est toi qu’ils applaudissent !” »

Comme tous les prophètes, Dom Helder est un homme libre
Ami du Président de la République, Juscelino Kubitschek, celui-ci lui demande d’être le maire de la nouvelle capitale, Brasilia.
La réponse ne se fait pas attendre : « Aujourd’hui, Monsieur le Président, je suis ici, en face de vous, débattant de points de vue en toute liberté et sans aucun engagement.
Le jour où je vais me lier à votre groupe de commandement, vu les impositions de la pratique politique, je vais être enchaîné, acceptant tout ce que vous me demanderez, ne vous apportant plus la collaboration originale et indépendante de l’Église. »

Le prophète ne peux être l’homme d’une institution. Il doit être indépendant pour garder sa cohérence !
Le prophète soulève le voile des apparences pour montrer ce qu’il y a derrière, en positif ou en négatif.
À cette prostituée qui lui dit que les jours de Fête de la Vierge Marie, elle ne fait pas payer les pauvres, il dit : « Priez pour moi ! »

À la fin d’un dîner, la maîtresse de maison lui remet une grosse enveloppe en lui disant : « Faites-en ce que vous voudrez. » Il lui répond : « Alors, permettez-moi d’en donner une partie à votre cuisinière pour qu’elle puisse acheter des remèdes pour son fils malade.
Une autre partie aidera votre chauffeur à acheter le matériel scolaire de sa fille.
Enfin cet argent sera bien utile à votre femme de chambre pour réparer sa maison qui s’écroule ! »

« Si je rêve tout seul, c’est seulement un rêve. Mais si nous rêvons ensemble, c’est le commencement de la réalité. » Dom Helder aime répéter cela.
Comme tous les prophètes, c’est un rêveur. Mais un rêveur qui agit et regroupe les personnes comme il l’a merveilleusement fait pendant le Concile dont il fut l’un des membres les plus influents… sans jamais prendre la parole dans les Assemblées.

En 1973, dans le document « J’ai écouté les clameurs de mon peuple », publié en pleine dictature, Dom Helder avec plusieurs Évêques et supérieurs de Congrégations Religieuses écrit :
« La classe dominante n’a pas d’autre sortie pour se libérer, si ce n’est par le long et difficile cheminement, déjà en cours, en faveur de la propriété sociale des moyens de production. »

Son prophétisme ne se limite pas à la société. Il l’exerce aussi dans l’Église
En créant « les rencontres de frères » il pousse les pauvres à se réunir pour écouter la Parole de Dieu et s’organiser afin d’améliorer leurs conditions de vie.
Alors que le pasteur parle à la radio, de nombreuses personnes écoutent ces paroles d’espérance qui poussent à l’action.
En créant la commission « Justice et Paix » il engage l’Église au service des droits humains, défendant prisonniers politiques comme paysans sans terre et exclus de toutes sortes.

Dans le livre qui sera bientôt publié de nouveau, en France, Dom Helder écrit : « L’Église tout entière est appelée à être prophétique, c’est-à-dire à annoncer la Parole du Seigneur, et aussi à prêter sa voix aux sans voix, à faire exactement ce que Le Christ, en lisant Isaïe, proclama être sa Mission à lui :
“L’Esprit du Seigneur est sur moi. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour ouvrir les yeux, pour libérer…”
C’est toujours la mission de l’Église. »

En France, comme en Amérique latine et dans le monde entier, des jeunes, des adultes croient qu’un autre monde est possible.
Ils gardent dans le cœur la fraîcheur et l’utopie de l’Évangile. Ces minorités abrahamiques,
comme les appelle Dom Helder, donnent une âme au monde.
Le Père Antoine Guérin est ancien secrétaire national du CEFAL.

Date de dernière mise à jour : 28/08/2023

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