Saint Charles (Carlo) Borromée, Archevêque de Milan (1538-1584). Fête le 04 Novembre.

Samedi 04 Novembre 2023 : Fête de Saint Charles (Carlo) Borromée, Archevêque de Milan (1538-1584).

San carlo arona 01 11Statue colossale érigée en 1697 à Arona (Italie), sa ville natale. (Cliquer sur la photo).
Œuvre de Giovanni Battista Crespi, elle mesure 23 mètres sur un piédestal de 12 mètres.

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/7/Saint-Charles-Borromee.html.

Saint Charles Borromée

Archevêque de Milan (+ 1584)

Fils cadet d'une noble famille italienne, il avait tout pour se laisser entraîner dans une vie facile et fastueuse.
Neveu d'un Pape, nommé Cardinal à 22 ans, il est submergé de charges honorifiques très lucratives: son revenu annuel était de 52.000 écus(*). Il reçoit les revenus du diocèse de Milan, des Abbayes de Mozzo, Folina, Nonatella, Colle et de quelques autres légations: Bologne, Spolète, Ravenne, etc ...
Il reste laïc, grand amateur de chasse et de musique de chambre.

Mais la conscience de son devoir est telle qu'il s'impose dans la vie mondaine et brillante de Rome, par sa rigueur et son travail.
Il collabore efficacement à la reprise du Concile de Trente, interrompu depuis huit ans. Au moment de la mort subite de son frère aîné, alors qu'il pourrait quitter l'Église pour la charge de chef d'une grande famille, il demande à devenir Prêtre.

Désormais il accomplit par vocation ce qu'il réalisait par devoir. Devenu Archevêque de Milan, il crée des séminaires pour la formation des Prêtres. Il prend soin des pauvres alors qu'il vit lui-même pauvrement.
Il soigne lui-même les pestiférés quand la peste ravage Milan en 1576. Il demande à tous les Religieux de se convertir en infirmiers.

Les années passent. Malgré le poids des années, il n'arrête pas de se donner jusqu'à l'épuisement.
"Pour éclairer, la chandelle doit se consumer, " dit-il à ceux qui lui prêchent le repos.

(*) Un internaute nous signale: "si on se rapporte à l'écu de François Ier (environ même époque), il pesait environ 3 grammes; les 52 000 écus du revenu de Charles ne devaient donc pas de beaucoup dépasser les 150 000 grammes d'or fin soit 150 kg"
Le 4 novembre 2010, le Saint-Père a fait parvenir un message au Cardinal Dionigio Tettamanzi, Archevêque de Milan (Italie), pour le quatrième centenaire de la Canonisation de Saint Charles Borromée.

En voici les passages principaux: Charles Borromée vécut dans une période difficile pour le Christianisme, "une époque sombre parsemée d'épreuves pour la communauté Chrétienne, pleine de divisions et de convulsions doctrinales, d'affaiblissement de la pureté de la Foi et des mœurs, de mauvais exemples de la part du clergé. Mais il ne se contenta pas de se lamenter ou de condamner.
Pour changer les autres, il commença par réformer sa propre vie... Il était conscient qu'une réforme crédible devait partir des pasteurs" et pour y parvenir il eut recours à la centralité de l'Eucharistie, à la spiritualité de la Croix, à la fréquence des Sacrements et à l'écoute de la Parole, à la fidélité envers le Pape, "toujours prompt à obéir à ses indications comme garantie d'une communion ecclésiale, authentique et complète".

Après avoir manifesté le désir de voir l'exemple de Saint Charles continuer à inspirer la conversion personnelle comme communautaire, Benoît XVI encourage Prêtres et diacres à faire de leur vie un parcours de sainteté.
Il encourage en particulier le clergé milanais à suivre "une Foi limpide, à vivre une vie sobre, selon l'ardeur apostolique de Saint Ambroise, de Saint Charles Borromée et de tant d'autre pasteurs locaux...

Saint Charles, qui fut un véritable père des pauvres, fonda des institutions d'assistance" et, "durant la peste de 1576 il resta parmi son peuple pour le servir et le défendre avec les armes de la Prière, de la Pénitence et de l'Amour".
Sa Charité ne se comprend pas si on ignore son rapport passionné au Seigneur, qui "se reflétait dans sa Contemplation du mystère de l'autel et de la Croix, d'où découlait sa Compassion des hommes souffrants et son élan apostolique de porter l'Évangile à chacun...
C'est de l'Eucharistie, cœur de toute communauté, qu'il faut tirer la force d'éduquer et de combattre pour la Charité.

Toute action charitable et apostolique trouve force et fécondité dans cette source". Le Saint-Père conclut par un appel aux jeunes: "A l'exemple de Charles Borromée, vous pouvez faire de votre jeunesse une offrande au Christ et au prochain...
Si vous êtes l'avenir de l'Église, vous en faites partie dès aujourd'hui. Si vous avez l'audace de croire dans la sainteté, vous serez le principal trésor de l'Église ambrosienne, bâtie sur ses saints". (source: VIS 20101104 420)

Nommé par son oncle, le Pape Pie IV, Cardinal et Archevêque de Milan, il se montra sur ce siège un vrai pasteur, attentif aux besoins de l’Église de son temps.
Pour la formation de son clergé, il réunit des synodes et fonda des séminaires ; pour favoriser la Vie Chrétienne, il visita plusieurs fois tout son troupeau et les diocèses suffragants et prit beaucoup de dispositions  pour le Salut des âmes. Il s’en alla la veille de ce jour à la Patrie du Ciel, en 1584.

Martyrologe romain.

Borgianni orazio st carlo borromeo 2https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/39d2c1ff-acee-4d56-ac13-143428f683da

Saint Charles Borromée
Archevêque de Milan
(1538-1584)

Carlo Borromeo, né au sein de l'opulence et des grandeurs, devait être l'un des plus illustres pontifes de l'Église.
Neveu du Pape Pie IV (Giovanni Angelo Medici, 1559-1565), Charles était Cardinal avant l'âge de vingt-trois ans.

Après son élévation au Sacerdoce, il fut promu à l'Archevêché de Milan. Ce beau diocèse était alors dans une désorganisation complète : peuple, clergé, cloîtres, tout était à renouveler.
Le pontife se mit à l'œuvre, mais donna d'abord l'exemple. Il mena dans son palais la vie d'un anachorète ; il en vint à ne prendre que du pain et de l'eau, une seule fois le jour ; ses austérités atteignirent une telle proportion, que le Pape dut exiger de sa part plus de modération dans la pénitence.

Il vendit ses meubles précieux, se débarrassa de ses pompeux ornements, employa tout ce qu'il avait de revenus à l'entretien des séminaires, des hôpitaux, des écoles, et au soulagement des pauvres et des mendiants.
Son personnel était soumis à une règle sévère ; les heures de Prières étaient marquées, et personne ne s'absentait alors sans permission.

Les Prêtres de son entourage, soumis à une discipline encore plus stricte, formaient une véritable communauté, qui donna à l'Église un Cardinal et plus de vingt Évêques.
L'Archevêque transforma le service du culte dans sa Cathédrale et y mit à la fois la régularité et la magnificence.

Toutes les œuvres nécessaires furent fondées, et l'on vit apparaître partout un renouveau de Vie Chrétienne.
Ce ne fut pas sans de grandes épreuves. Saint Charles reçut un jour, un coup d'arquebuse, pendant qu'il présidait à la Prière dans sa chapelle particulière ; le Saint continua la Prière sans trouble.
On sait le dévouement qu'il montra pendant la peste de Milan. Il visitait toutes les maisons et les hôpitaux, et sauva la vie à soixante-dix mille malheureux.
Les pieds nus et la corde au cou, le Crucifix à la main, il s'offrit en holocauste.
Il mourut sur la cendre à quarante-six ans.

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http://missel.free.fr/Sanctoral/11/04.php.
Biographie
Charles Borromée, second fils du comte Gibert et de Marguerite de Medici, sœur du futur Pie IV, naquit sur la rocca (roc ou château fort) Borromeo d'Arona, près du lac Majeur, le 2 octobre 1538. Dès 1550 il reçut l'habit clérical et les revenus de l'abbaye locale de San Gratiniano.
Etudiant à l'université de Pavie, il était sérieux et studieux, précis, net et volontaire plus solide que brillant, avide de livres, mais souvent sans argent. A la fin de 1559, il fut reçu docteur en droit canon et en droit civil.

En janvier 1560, ce jeune homme de vingt-deux ans fut appelé à Rome par son oncle qui venait d’être élu Pape sous le nom de Pie IV.
Cardinal dès le 31 janvier, bien qu’il ait obligation de résider à Rome, il est nommé administrateur du diocèse de Milan, des légations de Bologne et de Romagne, puis des Marches, en même temps qu’il reçoit en commende plusieurs abbayes.

Pie IV qui voulait un homme dévoué et actif au sommet de son administration fait de Charles Borromée ce que sera plus tard le secrétaire d'Etat.
Au début, on le trouvait trop regardant, par comparaison avec d'autres princes de l'Église, qui gaspillaient avec une prodigalité de grands seigneurs.

Pour compléter sa culture, le jeune Cardinal fonda chez lui une académie des Nuits vaticanes, allusion au Nuits attiques du païen Aulu-Gelle. Chaos - c'était le pseudonyme de Charles Borromée - commenta la quatrième Béatitude, condamna la luxure et loua la Charité.

Restait à achever le Concile de Trente, ouvert en 1545.
Pie IV y réussit en 1562-1563, grâce au dévouement de son neveu, qui assuma l'écrasante besogne de la correspondance avec les agents du Saint-Siège, nonces et légats du concile. Plutôt simple exécutant que conseiller, selon un ambassadeur vénitien, il travaillait même la nuit, rédigeait de brefs rapports sur les nouvelles qui lui arrivaient de partout, répondait à toute la correspondance pontificale et s’occupait des affaires courantes.

En novembre 1562, quand mourut Frédéric, son frère aîné, on se demanda si Charles quitterait les Ordres pour perpétuer sa race, mais, le 17 juillet 1563 il fut ordonné Prêtre et, en décembre, il reçut la Consécration épiscopale.
Il restreignit son train de maison, augmenta ses veilles, ses jeûnes et ses austérités, se refusa tout divertissement, fût-ce une innocente promenade.

Les Nuits vaticanes se muèrent en conférences religieuses. Un bref de Pie IV autorisait le Cardinal-neveu à faire sortir, pour ses travaux, livres et manuscrits de la Bibliothèque vaticane et Charles Borromée, malgré une certaine timidité, s'exerça à l'éloquence sacrée.

Après que Charles Borromée avait rendu à Rome les services que l’on attendait de lui, fort du Concile de Trente qui imposait la résidence aux évêques, il voulut s’installer à Milan où il entra solennellement 23 septembre 1565, après avoir, comme légat, effectué un voyage au centre et au nord de l'Italie.
Il dut revenir à Rome près de son oncle mourant et, le Conclave ayant élu Pie V, il rentra à Milan (avril 1566).

Saint Pie V lui témoigna d’autant plus d'estime et de confiance qu’il était fort lié à Séraphin Grindelli, chanoine régulier du Latran et son aumônier.
Le Cardinal de Milan, passa désormais le reste de sa vie dans son vaste Archidiocèse, à l’exception de brefs séjours romains.

Charles Borromée, à la tête de quinze suffragants, avec juridiction sur des terres vénitiennes, génoises, novaraises et aussi suisses, puisqu’il avait été nommé, en mars 1560, protecteur de la nation helvétique, avec juridiction spirituelle sur plusieurs cantons ; il n’obtint un nonce que sous Grégoire XIII.

Charles Borromée visita la Suisse (notamment les trois vallées ou trois lignes du Tessin en 1567, les cantons allemands en 1570, 1581, 1583), s'enquérant des abus, rédigeant des ordonnances, entretenant une lourde correspondance, se bataillant contre des magistrats et des fonctionnaires civils souvent revêches, tandis qu’il restait courtois, souple et habile.

En général, il se montra fin connaisseur et manieur d'hommes, sa vertu perfectionnait ses dons naturels. Il lui arrivait cependant de se raidir, par exemple contre l'usage invétéré de suspendre dans les églises des écussons et trophées en mémoire de hauts faits militaires, allant jusqu'à lancer l'interdit contre des paroisses récalcitrantes, mais un ordre exprès de Rome l'obligea à désarmer.
Il réussit à maintenir Catholique une partie de la Suisse allemande, il favorisa les Capucins (à Altdorf en 1581) et les Jésuites, dont les collèges de Lucerne et de Fribourg sont en partie le fruit de son zèle.
Si la richesse avait alors gâté dans la chrétienté une partie du haut clergé, la pauvreté avait avili le bas clergé, victime d'un recrutement inconsidéré, de l'abandon où le laissaient ses supérieurs et de l'ignorance.

L'Église avait pâti, et pâtissait encore, en ce temps-là, des empiétements parfois scandaleux du civil sur l'ecclésiastique dans les territoires espagnols, et même dans les États pontificaux.
Les Évêques avaient trop pris l'habitude de vivre hors de leur diocèse, et le clergé volontiers flagornait le pouvoir civil pour en tirer des avantages matériels.

En Lombardie administrée par les Espagnols, il souffrit de la morgue des hidalgos et de leurs prétentions.
Ses contre-attaques pour sa liberté embarrassèrent parfois la Cour romaine, obligée de ménager le tout-puissant Philippe II.

Appuyé par son peuple, Charles Borromée s'opposa net à l'introduction chez lui de l'Inquisition espagnole, au profit de la romaine.
Il lutta contre les gouverneurs de Milan : Alburquerque, Requesens, qu'il excommunia en 1573, Ayamonte.

Pour se rendre populaire, Ayamonte donna en 1579 un grand éclat aux fêtes du carnaval. Borromée riposta par un édit excommuniant tous ceux qui y assisteraient.
L’année suivante, seul un escadron de cavalerie, en service commandé, fit les frais des réjouissances, tandis que la femme du gouverneur interdisait à ses fils d’y participer. Ayamonte mourut en avril 1580 réconcilié avec l'Eglise ; ses funérailles furent pacifiques et pleins de déférence pour le redoutable Cardinal.
Ce chef austère payait de sa personne. Il suffisait de le voir pour sentir ce qu'était la discipline ecclésiastique.

Devant les décadences, il était une résurrection. Il sut consolider dans son diocèse la Religion, développer le culte Eucharistique et le sens moral.
Son peuple, dans l'ensemble, l'admirait et le soutenait, mais ses réformes, exécutées d'une main forte, soulevèrent quelques résistances dans le clergé : en août 1569, les chanoines de Santa Maria della Scala, à Milan, soutenus par Alburquerque, le repoussèrent quand il voulut entrer dans leur Basilique.

Les Humiliés, Congrégation Milanaise enrichie par le commerce de la laine, avaient perdu la ferveur. Borromée voulut y ramener l'ordre.
Un Religieux du Couvent de Milan, Jérôme Donato, dit Farina, tira un coup d'arquebuse presque à bout portant sur le Cardinal qui Priait dans sa chapelle avec le personnel de sa maison (26 octobre 1569).
Borromée eut ses vêtements troués sur l'épine dorsale, mais, n’étant pas blessé, il fit achever la Prière.

Peu après, une bulle supprimait le premier ordre des Humiliés. Par la suite, leur Tiers-Ordre fusionna avec des confréries similaires.
Quant aux Humiliés du second ordre, qui étaient restées saines, elles survécurent jusque vers 1807.

L'Archevêque voulait des auxiliaires intelligents et dévoués : il les choisit volontiers parmi les nouveaux ordres de clercs réguliers récemment créés.
Charles Borromée était très personnel dans son gouvernement ; il essaya d'imposer un général de son choix aux Dominicains, et aux Jésuites.

Il voulait que chez lui les Religieux fussent à lui. Il écrivait en décembre 1577 : Eux (les Prêtres de l'Oratoire) entendent que cette Congrégation de Pères qui s'établira ici existe comme membre de celle de Rome et dépende de là-bas, et moi j'entends qu'elle dépende absolument d'ici, tout en désirant utiliser ces Pères de Rome pour commencer et diriger cette œuvre.

Charles Borromée retira aux Jésuites la direction de son grand séminaire, trop indépendants, et créa à son usage les oblats de Saint-Ambroise dont il composa lui-même la règle.
Après sa Canonisation, en 1611, la Congrégation s'intitula des Saints-Ambroise-et-Charles.

Charles Borromée créa des Sanctuaires devenus célèbres, des séminaires, des collèges laïcs, un refuge pour repenties, un mont-de-piété.
Il avait revu soigneusement les premiers statuts du mont-de-piété de Rome, vers 1565, en qualité de protecteur de l'ordre Franciscain.
Il fit adopter des sages mesures de contrôle contre la fraude ou les malversations : il fut le bienfaiteur de l'institution.
Il organisa des confraternités comme celles du Saint-Sacrement, du Saint-Rosaire. Il mit beaucoup d'ardeur à promouvoir l'œuvre catéchétique du saint Prêtre Castellino da Castello. Lui-même commentait volontiers l'Évangile : par les moyens les plus simples, il en tirait des applications très variées pour ses auditeurs et, par son exemple, il sut réveiller chez son clergé le goût de l'éloquence sacrée.

Avec un grand dévouement, il visita les peuples de son diocèse et des diocèses suffragants ; comme les vivres étaient chers, il avait stipulé que l'entretien de sa suite ne serait pas à la charge de la mense épiscopale.
Au total, le Cardinal vit plus de mille paroisses, convoqua onze synodes diocésains et six Conciles provinciaux.
Lors de la terrible peste de 1576-1577, compliquée d'une famine, Charles Borromée vendit sa principauté napolitaine d'Oria pour soulager la misère publique.

Il mourut à Milan le samedi 3 Novembre 1584 au soir. Dans une lettre d'Arona, datée du 1er novembre, il disait que la fièvre le dévorait et qu'il allait cesser ses visites pastorales pour regagner Milan afin de recevoir son beau-frère le comte Annibal d'Altaemps et lui faire fête quatre ou cinq jours.
Il venait d’inaugurer un séminaire (30 octobre) et de consoler les gens de Locarno où la peste avait fait passer la population de 4800 à 700 habitants.

Pour lui-même, Charles Borromée fut dur : peu de nourriture et peu de sommeil, aucun confort ni aucun luxe personnel.
Intelligence claire et administrateur plutôt que de penseur, sa bibliothèque était un instrument de travail. Il priait profondément et largement.

Il reste, dans l'Église militante, une grande figure de chef. Son blason portait : Humilitas. Au physique, il était de belle taille, avec de vastes yeux bleus, un nez aquilin puissant, le teint pâle sous des cheveux bruns ; jusqu'en 1574, il porta une barbe courte, rousse, négligée ; puis, ayant ordonné au clergé de se raser, il donna l'exemple.

Le 4 Novembre 1601, à Milan, au lieu de chanter le service accoutumé pour son anniversaire, on organisa, sur le conseil de Baronius, une grandiose manifestation de vénération publique. En 1602, et les années suivantes, ce témoignage fut de plus en plus éclatant.

En 1610, Rome Canonisa Charles Borromée qui obtint vite un culte populaire : son origine patricienne, sa dignité cardinalice, son génie réformateur, les œuvres de son zèle pastoral pour le clergé et le peuple, sa Charité pour les pauvres, son dévouement lors de la peste le redirent rapidement cher au peuple Chrétien, notamment aux Pays-Bas espagnols où l'imagerie anversoise vulgarisa l'homme de Prière ou le consolateur des pestiférés. Son influence fut très grande en France.

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Morceaux choisis
Ayant un grand respect des choses de Dieu et de ses Saints, ainsi que de tous les ordres de la Sainte Église et de votre pasteur, et veillez à les observer intégralement.

Tournez constamment vos regards vers la Providence de Dieu, dans la pensée que rien n'arrive sans sa volonté et que tout doit tourner à bien.

Gardez-vous d'entretenir la curiosité de savoir les actions d'autrui, ou d'être avides de nouveautés, principalement dans les choses de la foi, et ne parlez pas de ce que vous ignorez.

Défendez-vous de croupir dans la paresse, c'est le poison de l'âme : mais efforcez-vous de vos occuper des oeuvres pies, ou tout au moins à des choses utiles.

Evitez de travailler avec l'argent ou les biens d'autrui, à moins que vous n'y soyez contraints par raison de charité. Et ne vous laissez entraîner à aucune action injuste, opposée à la volonté de Dieu, ni pour le gain, ni par amitié, ni par amour des vôtres.

Si la fécondité de la vie conjugale est, certes, chose bonne, meilleure est la chasteté virginale, et par-dessus tout est excellente la fécondité virginale.

On ose dire qu'il faut s'accommoder au temps, comme si l'Esprit de Jésus-Christ et les règles de l'Évangile devaient changer avec le temps, et être asservis aux sentiments et aux affections des hommes.
Au lieu que l'on doit travailler au contraire à rendre tous les temps conformes aux ordonnances de l'Église, et à réformer tout ce qui s'y trouve défectueux, par la rectitude immuable de l'esprit évangélique et apostolique.

Car c'est la chair et le sang et non pas l'Esprit de Dieu qui a fait que notre siècle est devenu incapable de cette vertu si pure et si simple des anciens Pères. C'est l'esprit humain qui, voulant satisfaire ses désirs, trouve toujours mille défenseurs et des raisons apparentes pour se couvrir et se défendre.
Mais les Paroles de Dieu et les règles des saints demeurent toujours fermes. Elles n'ont pas été établies pour changer avec le temps, mais pour être inviolables et immuables en tous temps, et pour se soumettre et s'assujettir tous les temps.

Pourquoi cette Église, qui est la vôtre, demeure-t-elle ainsi sans soins et sans ornements ? Ces murs, ce toit, ce dallage dénoncent votre irréligion. Ils crient (...) Votre Église que vous honorez et que vous aimez si peu, vous êtes capable de la négliger à ce point ?
O Combien votre indifférence extérieure témoigne de la tiédeur de vos âmes !

Tiepolo giovanni saint charles borromeo 1767 69 cmu source sandstead d2h 46St. Charles Borromeo. Œuvre de Giovanni Battista Tiepolo (1696 – 1770).
http://enviedailleurs.forumpro.fr/t5147-4-novembre-saint-charles-borromee

http://nouvl.evangelisation.free.fr/ecole_francaise_t1_09.htm

Saint Charles Borromée
(2 Octobre 1538 - 3 Novembre 1584)

La vie de Charles Borromée

Charles Borromée, fils du comte Gilbert Borromée, naquit le 2 Octobre 1538 dans le château familial d'Arona, situé dans le Milanais, sur le lac Majeur, en Lombardie.
Charles fut d’abord confié à l'Abbaye Bénédictine d'Arona avant de partir à Paris et à Milan pour parfaire ses études.
Malgré quelques difficultés d'expression, il se montra un élève travailleur et intelligent. Dès l'âge de douze ans, il était bénéficiaire d'une riche Abbaye considérée comme un héritage de famille.
Il reçut bientôt une autre Abbaye et un Prieuré résignés en sa faveur par le Cardinal de Médicis, son oncle maternel qui devint le pape Pie IV (1559-1566).

À vingt-deux ans, titulaire d'un doctorat en droit civil et en droit canon, il fut nommé secrétaire d'État, administrateur de Milan et Cardinal en 1560, par son oncle, Pie IV.

Charles n'était pas encore Prêtre, cependant c’est en sa qualité de Cardinal qu’il fut chargé de l'administration des Romagnes et de la marche d'Ancone, de la protection de plusieurs nations étrangères: Portugal, Suisse et Pays-Bas, et de l'inspection générale des Franciscains, des Carmélites et des chevaliers de Malte [1].

Comme la plupart de ses charges nécessitaient sa présence à Rome, Charles fut contraint de nommer un suppléant pour gouverner Milan. Lui-même dut remplir la fonction de légat pour Pie IV à de nombreuses occasions.

Charles devait tenir son rang dans la haute société qui était celle de sa famille et de ses activités; aussi employait-t-il de nombreux domestiques; cela le gênait tellement qu’il pensa un moment démissionner et devenir Moine.
On le convainquit d'attendre.

1-1-La fin du Concile de Trente
Malgré son jeune âge, Charles avait déjà suffisamment d’influence sur son oncle, le Pape Pie IV, pour que ce dernier fît accélérer les travaux du Concile de Trente, interrompus depuis huit ans à cause de la résistance que la cour de Rome opposait aux mesures destinées à la réforme.

En 1562, pressé par sa famille de se marier [2], Charles, qui n’avait que 24 ans, choisit la Prêtrise et se fit consacrer Évêque [3].
Cependant ce fut seulement en 1565 que le Pape lui permit de résider dans son diocèse de Milan où il ne cessa jamais de demeurer.

En 1563, le Concile de Trente se terminait enfin. Charles Borromée avait pris une part importante à la composition du célèbre catéchisme de Trente.
Bientôt il institua au Vatican une académie nouvelle composée d'ecclésiastiques et de laïcs; il y faisait, le soir, des conférences, qui furent publiées sous le titre de Noctes Vaticanae.

1-2-La mort de Charles Borromée
Le zèle réformateur de Charles lui suscita de nombreux ennemis, mais toutes les tentatives pour le faire abandonner sa tâche, pour le faire partir et même... pour l'assassiner échouèrent.

Il continuait de travailler sans relâche. Les années passaient, et, malgré sa fatigue, il n'arrêtait pas de s’appliquer à ses nombreuses tâches. "Pour éclairer, la chandelle doit se consumer", disait-il à ceux qui lui prêchaient le repos.

Totalement épuisé, Charles Borromée décédait le 3 Novembre 1584. Il avait 46 ans.
Charles Borromée fut enterré dans sa Cathédrale de Milan, et Canonisé en 1610.
Il avait été aimé et respecté par son peuple, pour son Amour de l’Église, sa compétence, l’estime qu’il avait du savoir et des arts, et enfin et surtout pour son Humilité et sa Bonté.

L’œuvre de Charles Borromée

2-1-un Saint Évêque
C'est avec raison que Charles Borromée a été appelé le modèle des Évêques et le restaurateur de la discipline ecclésiastique. Il fit constamment preuve, durant son épiscopat d'une vertu, d'une science, d'un renoncement et d'une persévérance qui justifient complètement ces titres.
Devenu Archevêque de Milan, il créa des séminaires pour la formation des Prêtres, conformément aux décrets du Concile et établit la congrégation des Oblats, hommes Religieux voués à s'offrir et à se porter partout où les besoins de l'Église les réclamaient.

2-2-La Charité de Charles
L’Évêque de Milan donnait à tous l’exemple d’une vraie charité. Malgré l’énormité de sa fortune, il vivait pauvrement. Il prenait soin des pauvres, et il alla jusqu’à soigner lui-même les pestiférés quand la peste ravagea Milan en 1576.
Pendant la famine de 1570 et la peste de 1576, il déploya une activité, une charité et un dévouement qui firent l’admiration de tous ceux qui l’approchaient. C’est lui qui organisa l'aide aux victimes, et il demandait à tous les religieux de se convertir en infirmiers.

2-3-Après le Concile de Trente

2-3-1-Le rétablissement de la discipline
Le rétablissement de la discipline était une œuvre fort difficile dans la province ecclésiastique de Milan où les Archevêques, depuis près de quatre-vingts ans, ne demeuraient plus dans leur résidence.
Non seulement Borromée donna, le premier, le plus haut exemple de la réforme, la poussant pour lui-même jusqu'à l'ascétisme le plus rigoureux, non seulement il visitait assidûment ses paroisses, mais il tint six Conciles provinciaux et onze synodes diocésains.

Il institua un conseil permanent destiné à mettre en œuvre les règlements du Concile de Trente. Mais ces réformes ne s'accomplirent point sans de vives résistances tant de la part des Évêques que de la part du chapitre de la Scala qui se prévalait de ses privilèges, et même de la part des Prêtres et des Moines accoutumés au relâchement.

Un Religieux de l'Ordre des Humiliés tira même sur l'Archevêque devant l'autel un coup d'arquebuse, qui, heureusement,  ne fit qu'effleurer la peau. Par ailleurs Charles Borromée réorganisa l'administration, fit des visites pastorales régulières et inventa l'école du Dimanche pour l'éducation religieuse des laïcs.

2-3-2-Borromée et la Suisse
Finalement Borromée triompha de toutes les oppositions. Il étendit aussi son influence sur la Suisse en fondant à Milan un séminaire helvétique destiné à former des Prêtres imbus de la doctrine  Catholique et romaine.
Charles Borromée travailla également à la formation d’une ligue, la Ligue d'Or ou Ligue de Borromée, qui ne se réalisa qu'après sa mort... En octobre 1586, les cantons Catholiques  s'engageaient à prendre les armes contre tous ceux qui toléreraient l'hérésie sur leur territoire.

2-3-3-Charles Borromée et les Jésuites
Charles Borromée paraît avoir beaucoup travaillé avec les Jésuites: il leur avait fait des donations considérables, et fondé pour eux un superbe collège à Milan. Il leur avait aussi procuré des maisons à Lucerne, à Fribourg et ailleurs. Son confesseur, était un Jésuite.
Malheureusement, quand Borromée eût été informé et convaincu de certains désordres graves chez les Jésuites de Milan, il n'hésita pas à prendre les mesures nécessaires.
Les Jésuites scandaleux résistèrent et se liguèrent même avec ses ennemis. Il s'ensuivit des conflits et un procès à Rome, dont l'issue fut favorable à Charles Borromée, qui était allé plaider lui-même sa cause.

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Quelques textes de Saint Charles Borromée

Trois conseils de Charles Borromée

            “Aie grande confiance dans le Seigneur, il veut toujours ton bien.”
            “Exerce-toi à la connaissance de toi-même.”
            “Dans la prospérité, évite une trop forte allégresse. Elle risquerait de te faire oublier à ton âme les misères et périls existentiels.”
Charles contemple ce que Dieu a fait pour lui
"Il a mis en ma main tous ses trésors, ses sacrements et ses grâces. Il y a placé les âmes qui sont ce qu’il a de plus cher, qu’il a préférées à lui-même dans son amour, qu’il a rachetées de son sang. Il a mis en ma main le ciel pour que je puisse l’ouvrir aux autres."


Extraits d’une Homélie de Saint Charles Borromée prononcée lors de son dernier synode

Nous sommes tous faibles, je le reconnais, mais le Seigneur Dieu nous a donné des moyens où nous pouvons facilement trouver du secours si nous le voulons.
Voici un prêtre qui voudrait mener la vie irréprochable à laquelle il se sait obligé, qui voudrait être chaste et avoir la conduite digne des anges qui lui convient; mais il ne se décide pas à employer les moyens voulus: le jeûne, la prière, la fuite des relations mauvaises, des familiarités nuisibles et dangereuses.

Cet autre, lorsqu'il entre au chœur pour la psalmodie ou lorsqu'il va célébrer la messe, se plaint de ce que mille pensées se présentent aussitôt à son esprit et le distraient de Dieu. Mais avant d'aller au chœur ou de célébrer la messe, qu’a-t-il fait à la sacristie, comment s'est-il préparé, quels moyens a-t-il pris pour maîtriser son attention?
Veux-tu que je t'enseigne comment progresser sans cesse de vertu en vertu et, si tu étais déjà attentif au chœur, comment tu pourras l'être davantage une autre fois pour que tes hommages plaisent à Dieu encore plus?

Écoute-moi bien. Si un petit feu d'amour divin est déjà allumé en toi, ne le montre pas tout de suite, ne l'expose pas au vent; garde fermée la porte du four, pour ne pas laisser perdre la chaleur.
Cela veut dire: fuis, autant que possible, les distractions, demeure recueilli en Dieu, évite les conversations frivoles.

Tu as la charge de la prédication et de l'enseignement?
Etudie, applique-toi à tout ce qui est nécessaire pour bien exercer cette charge. Soucie-toi d'abord de prêcher par ta vie et tes mœurs; évite qu'en te voyant dire une chose et en faire une autre, les gens ne se moquent de tes paroles en hochant la tête.

Tu as charge d'âmes? Ce n'est pas une raison pour négliger la charge de toi-même et pour te donner si généreusement aux autres qu'il ne reste plus rien de toi-même pour toi. Tu dois te souvenir des âmes dont tu es le supérieur, sans t'oublier toi-même.

Comprenez, mes frères, que rien n'est aussi nécessaire, pour des hommes d'Église, que l'oraison mentale qui doit précéder toutes nos actions, les accompagner et les suivre. Je chanterai, dit le Prophète, et je serai attentif.

Si tu administres les Sacrements, mon frère, pense à ce que tu fais; si tu célèbres la messe, pense à ce que tu offres; si tu psalmodies au chœur, réfléchis à qui tu parles et à ce que tu dis; si tu diriges les âmes, songe au sang qui les a lavées.

Faîtes tout avec Amour. C'est ainsi que nous pourrons vaincre facilement les innombrables difficultés que nous rencontrons nécessairement chaque jour du fait de notre position.
C'est ainsi que nous aurons la force d'engendrer Le Christ en nous et chez les autres. Et souvenez-vous des paroles de l’Écriture:
– Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent en chantant.
– Qui sème dans sa chair moissonnera de sa chair la destruction.
– Qui sème dans l'Esprit moissonnera de L'Esprit la Vie éternelle.
– La chair ne sert de rien, c'est l'Esprit qui vivifie.

St charles borromeeColosse de San Carlo Borromeo, Arona - La statue colossale domine les alentours.
Image fournie par madmike à www. ciao.fr.

Colosse de San Carlo Borromeo, Arona

Préambule
La plupart des Saints largement représentés dans l’iconographie chrétienne sont des Saints semi-légendaires, dont les miracles ou martyrs sont suffisamment lointains pour ne nous être parvenus que par des récits de énième main et dont l’apparence réelle est perdue, ce qui obligeait les peintres et sculpteurs à les caractériser par des attributs (par exemple les clefs de St Pierre) faute de pouvoir leur donner une quelconque ressemblance physique.

Il existe cependant quelques Saints plus récents, ayant vécu à des époques moins reculées, et dont du coup l’apparence est nettement moins hypothétique.
L’on peut citer par exemple Saint Bernardin de Sienne, dont le visage émacié a largement été reproduit dans les églises italiennes, ou bien encore Saint Charles Borromée, que l’on reconnaît aisément à son nez aquilin et sa pourpre cardinalice.

Ce dernier est particulièrement populaire en Italie du Nord, d’une part parce qu’il était un peu le régional de l’étape en étant issu d’une puissante famille du coin, d’autre part parce qu’il était réputé protéger contre les épidémies, ce qui en ces temps où l’on risquait la peste et le choléra était fort nécessaire.
Les représentations de Saint Charles Borromée abondent donc, mais la plus spectaculaire se trouve dans une petite ville du Piémont , non loin du Lac Majeur

Une ville mineure du lac majeur
Arona , ville d’une quinzaine de milliers d’habitants, est la première que l’on rencontre sur la rive occidentale du lac Majeur lorsque l’on vient du Sud, et donc par exemple de Milan ou de son aéroport Malpensa .
Il est donc assez logique d’y faire une première halte même si elle ne paye pas de mine a priori.

Elle recèle cependant dans son centre ancien quelques trésors, et en particulier de fort intéressantes églises, mais fut surtout la ville natale du fameux Saint Charles Borromée , ce qui explique que l’on choisit de l’honorer ici, ou plutôt sur les hauteurs qui dominent la ville et le lac, non loin du château où il naquit, château désormais invisible puisque détruit sur ordre de Napoléon Ier (il paraît qu’il en subsiste de vagues ruines, mais même avec la meilleure volonté du monde je n’ai point réussi à les trouver).

La cité est modeste, mais point la commémoration de Saint Charles Borromée. Il faut dire que le responsable de son monument n’était autre que Frédéric Borromée, son neveu, qui lui succéda à l’Archevêché de Milan, et s’empressa donc de lancer les travaux destinés à immortaliser le grand homme de la famille !
Et pour Frédéric le grand était de mise, avec une statue colossale au terme d’un ensemble de chapelles resté inachevé…

Le colosse
La statue de Saint Charles Borromée fut achevée en 1698, et elle est encore aujourd’hui la deuxième statue visitable du monde par la taille, n’étant surpassée que par la statue de la Liberté, édifiée par Gustave Eiffel près de deux siècles plus tard !
Il paraît même que des adjoints de l’ingénieur centralien vinrent ici, à Arona , étudier la technique de construction de la statue creuse pour mieux l’extrapoler ensuite au projet américain, ce qui ferait de ce Saint piémontais le lointain ancêtre de Dame Liberté…

La dimension est ce qui frappe d’entrée lorsque l’on arrive en voiture par une route pentue et sinueuse mais aisée (et bien indiquée depuis la ville d’ Arona même), puisque la statue s’élève en face, et domine la situation et les bâtiments voisins.
Je ne l’imaginais pas si grande avant d’être là, et la première impression visuelle est assez bluffante, surtout lorsqu’on se rappelle qu’elle a plus de trois cents ans, et fut donc édifiée sans énergie autre qu’humaine et animale !

Le colosse de cuivre déploie sa haute silhouette au terme d’une rampe d’escalier, interpellant les fidèles et touristes d’un geste ample, et le gardien n’hésitera d’ailleurs point à assurer que ce geste, avec un bras levé, a directement inspiré la pose de la statue de la Liberté, flamme en moins !

Je songe plus au colosse de Rhodes à cet instant, cette mythique merveille du monde antique depuis longtemps disparue, qui devait assurément être le précurseur païen de ce Cardinal de bronze, ou plutôt de cuivre puisque le revêtement vert patiné de la statue est un ensemble de plaque de cuivres…

Et si on allait à l’intérieur ?
Le parking est aisé, puisque juste devant les grilles se trouve un parking bien aménagé et payant (9,84 francs soit 1,50 euro) et à peine plus loin un terrain vague parfaitement gratuit, que je trouve personnellement largement suffisant pour héberger la voiture de M. Hertz.
Il ne reste plus qu’à prendre son billet à la caisse, tout en déchiffrant d’un air un peu incrédule les consignes de sécurité, qui interdisent la visite aux femmes enceintes et enfants de moins de 6 ans, la réglementent sévèrement pour les 6 à 12 ans et la déconseillent aux claustrophobes.

Diantre, tout cela pour une statue ?!
Bon, j’ai plus de douze ans et je ne suis pas accompagné d’une femme enceinte à ma connaissance, donc c’est jouable !

Les mensurations de la statue sont certes impressionnantes, avec sa hauteur totale de 35 mètres dont 23,50 mètres pour la statue proprement dite (et donc 11,50 mètres de socle en prime), et le panneau s’amuse à détailler les dimensions du pouce ou des yeux, entre autres, à chaque fois surdimensionnés.
Le Saint Cardinal est représenté ensoutané.

En tout cas elle est grande, cette statue, et au fur et à mesure que l’on s’avance, sa grandeur est de plus en plus flagrante, et l’on se sent bien petit face à ce colosse de cuivre.

La plate-forme est la première étape, aisément accessible par un escalier de métal en colimaçon, et l’on découvre de ce socle une jolie vue sur le lac Majeur, ainsi que sur l’église San Carlo édifiée juste à côté du colosse, et dédiée elle aussi à Saint Charles Borromée.
Le panorama est joli, mais dès que l’on se retourne, l’on se retrouve face à face avec les plaques de cuivre verdi rivetées, et écrasé par la haute taille de la statue.

L’ascension ne s’arrête point là, puisqu’il est possible de grimper dans la statue. Mais là ça devient nettement moins classique : l’employé de service ajuste soigneusement un casque sur la tête de chaque visiteur, et le laisse ensuite entrer dans la statue s’il n’y a personne, ou en tout cas peu de monde – il paraît d’après les panneaux d’information que l’attente peut atteindre plus d’une heure en haute saison, mais en ce joli mois de mai, je rentre tout de suite, et découvre que l’étroit colimaçon se transforme bien vite en une échelle !

Les marches ont étroites, et alignées verticalement, et il faut se hisser, en prenant peine à ne pas accrocher son sac quelque part dans le boyau vertical.
C’est étrange de visiter ainsi un monument ancien , et l’on monte lentement, d’autant plus que l’air est chaud et un peu moite, avant d’atteindre la plate-forme à la base de la tête.

Il n’y a pas beaucoup de place là, et quatre personnes tout au plus peuvent tenir, dans cet envers du décor particulièrement curieux.
Des étais soutiennent les plaques de cuivre formées qui constituent la surface de la statue, et le visage du Saint apparaît en creux, nuancé de diverses couleurs de corrosion, en une forme étrange, qui évoquerait presque les visages diaboliques de certains films d’horreur !
L’œil est dérouté par ce visage inversé, mais le spectacle est impressionnant, en même temps qu’il permet de comprendre la technique qui a permis cette statue colossale…

Deux fenêtres ont été ouvertes sur l’arrière, simplement en soulevant deux plaques de bronze, ce qui permet d’avoir une vue, et de faire circuler l’air – un tuyau d’air conditionné amène d’ailleurs un peu d’air frais, tout juste assez pour éviter que cela ne devienne une fournaise insupportable.

C’est curieux, vraiment très curieux, et l’on a l’impression d’être dans quelque décor de film, sorti de l’imagination fertile d’un scénariste fou.
Je n’avais jamais vu quelque chose de cet acabit, et je crois cette statue sans équivalent aussi ancien encore existant…

En conclusion
Le colosse de Saint Charles est unique au monde.

Cette statue voulue par la puissante famille des Borromée pour vanter son plus illustre représentant, Saint Charles Borromée, reste impressionnante plus de trois siècles avant son achèvement, et l’on mesure aisément quel a dû être le défi technique de cette statue insensée, à une époque où l’on ne disposait que des énergies animale et humaine !

L’ambitieuse statue de cuivre a traversé les siècles, et elle est désormais un témoignage unique d’un tour de force pour son époque, tout en procurant au visiteur une impression assez bluffante, lorsque l’on pénètre en son intérieur exigu en se transformant quasiment en spéléologue !
Il n’y a sans doute aucun équivalent au monde à cette sculpture, qui ne se compare guère qu’au disparu colosse de Rhodes ou à la nettement plus récente statue de la Liberté , et la particularité de cette œuvre mérite assurément le détour, et même sans doute le voyage…

Date de dernière mise à jour : 04/11/2023

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